CORONAVIRUS: LAGARDE PRESSE L'UE D'AGIR PLUS RÉSOLUMENT
par Gabriela Baczynska et Balazs Koranyi
BRUXELLES/FRANCFORT (Reuters) - La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a pressé des dirigeants européens divisés d'adopter une stratégie plus énergique pour amortir le choc économique consécutif à la pandémie de coronavirus, ont déclaré vendredi trois sources au fait du dossier.
Les dirigeants des Vingt-Sept ne sont pas parvenus jeudi à s'entendre sur l'ampleur des mesures économiques de soutien à engager et leur vidéoconférence de six heures n'a pas permis d'aplanir les divisions traditionnelles entre pays du nord et du sud du bloc.
Christine Lagarde, qui a participé à cette réunion, a déclaré que "des mesures supplémentaires sont nécessaires" et estimé que l'Union européenne (UE) tardait trop à répondre à cette crise qui nécessite pourtant une réaction urgente, ont déclaré ces sources au fait de la tenue des discussions.
La présidente de la BCE, qui avait déjà invité lundi les ministres des Finances de la zone euro à réfléchir à l'émission de "coronabonds", des emprunts obligataires communs, a mis en garde contre un excès de confiance, alors que les prévisions d'une récession sévère se multiplient.
Lors de la réunion de jeudi, l'Allemagne et les Pays-Bas se sont vigoureusement opposés à l'hypothèse d'une telle émission exceptionnelle d'obligations souveraines mutualisées, soutenue par l'Espagne et l'Italie - qui figurent parmi les pays les plus touchés par cette pandémie - mais aussi la France, le Portugal ainsi que d'autres Etats membres.
Faute de parvenir à un accord, les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept ont chargé les ministres des Finances de trouver une solution d'ici deux semaines mais des diplomates européens jugent un compromis peu probable au vu des divisions entre les différentes capitales.
Une des options sur la table serait le recours à une ligne de crédit spéciale du Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds européen de gestion des crises financières et de sauvetage, prôné par l'Italie, l'Espagne et la France.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a estimé jeudi que le MES était l'outil adéquat pour gérer les répercussions économiques de la crise sanitaire mais le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a jugé qu'il s'agissait d'une solution de "dernier recours" qui devrait être assortie de conditions.
"Le Sud dit: 'Ça va vraiment très, très mal, faisons tout ce que nous pouvons maintenant'. Le Nord dit: 'Nous avons déjà fait beaucoup, les marchés vont bien, prenons un peu plus de temps pour voir comment la situation évolue'", a résumé un haut fonctionnaire européen.
Pour Dacian Ciolos, le chef du groupe centriste au Parlement européen (au sein duquel siègent les eurodéputés de La République en Marche), "le temps presse".
"Les citoyens européens attendent que nous agissions: et si ce n'est pas maintenant, alors quand ? La réponse européenne doit être à la hauteur de la crise du Covid-19".
(Version française Myriam Rivet, édité par Marc Angrand)
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